Si tu savais à quel point c'est simple...

Si tu savais à quel point c'est simple... Il suffit de se pointer devant un passant, de préférence seul et pas très baraqué. Tu sors un couteau, il a peur et toi tu lui fais ses poches, qu'est-ce qu'il y a de compliqué dans tout ça ? Ah, la Police. C'est pas grave ça, tu mets une capuche pour qu'on ne remarque pas ton visage. Ah et évidemment, ne fais pas ça dans ton quartier, sinon on te pince de suite.

C'est gentil les histoires d'éducation et de respect sous fond de tolérance, mais tu sais, quand tu vis dans un pays en crise déchiré par le manque de travail, tu en viens à te demander si glander des années chez Pole Emploi c'est vraiment la bonne solution. 400 euros par mois pour payer la bouffe et le loyer, on m'a refusé l'AAH, j'ai été refusé par au moins deux cents entreprises - je n'ai pas le chiffre exact, mais c'est dans ces eaux-là. C'est normal qu'après tu brises les barrières.

Le problème, c'est que si je commence à rentrer dans le milieu de la délinquance, je ne vais pas pouvoir en ressortir. Le vol et la violence deviendront progressivement mes seules raisons de vivre. Quelques passages derrière les barreaux, quelques interpellations par ces connards en uniforme et la mort avant trente ans. J'ai pas encore cassé la barrière qui me sépare de la délinquance, mais aujourd'hui, j'ai donné un gros coup de pied dedans et la barrière voit apparaître ses premières lézardes.